En 1943, Curzio Malaparte, grand correspondant de guerre et officier de liaison auprs des Allis, se trouve Naples avec les troupes amricaines venues librer le pays. Entour de ces hommes frachement dbarqus en Europe, que les annes de combat et de dsillusion n’ont pas encore abms, l’auteur entreprend une tragique odysse travers une Italie en ruine, livre la misre et au chaos. Partout on se livre aux plus viles exactions. Comme un cho au tumulte des hommes, le Vsuve entre en ruption, les animaux meurent au supplice, la terre se dchire. De page en page, la complexit de ces destins happs par la brutalit de l’Histoire se dploie sous l’oeil de l’auteur, intransigeant jusqu’ l’coeurement avec la cruaut des faits. Et c’est l la force de son rcit : outre la beaut de son style, c’est sa capacit s’indigner et indigner le monde qui demeure remarquable. Curzio Malaparte poursuit avec La Peau sa magistrale entreprise de tmoignage sur la Seconde Guerre mondiale.«Tu aimerais, dis, une petite fille a trois dollars, disais-je a Jack.- Shut up, Malaparte.- Ce n’est pas cher apres tout, une petite fille pour trois dollars. Un kilo de viande d’agneau coute bien plus cher. Je suis sur qu’a Londres ou a New York une petite fille coute plus cher qu’ici, n’est-ce pas, Jack ?- Tu me degoutes, disait Jack.- Trois dollars font a peine trois cents lires. Combien peut peser une fillette de huit a dix ans ? Vingt-cinq kilos ? Pense qu’un seul kilo d’agneau, au marche noir, coute cinq cents lires, c’est-a-dire cinq dollars !»